Du restaurant sur pilotis de Danh, les vestiges de ce qui fut le village de son enfance se laissent apercevoir à marée basse. Ici un muret carrelé, sans doute une ancienne salle d’eau, là, un entrelacs de parpaings noircis émergeant de la boue, telles les vertèbres d’une bête ensevelie. Un jour d’août 2021, lors d’une grande marée, ce petit morceau de Vietnam, situé près de la ville de Vinh Chau, dans le sud-ouest du pays, a été emporté par les vagues.
« Tout est parti. Les vagues étaient très hautes. C’est allé jusqu’à la route. J’ai tout perdu ce jour-là », dit Danh (qui ne donne que son prénom), femme à la voix un peu éraillée, les cheveux tirés en chignon. Parmi les 130 familles qui vivaient là, les personnes âgées, comme sa mère, ont eu le droit d’être relogées à l’intérieur des terres.