Il a le sentiment d’être devenu un « jouet » entre deux Etats, de participer à une « loterie ». Une loterie qui l’a plongé dans une confusion dont il ne s’extirpe qu’au moyen de 100 milligrammes de Sertraline tous les jours, un antidépresseur. Binyam (toutes les personnes citées par leur prénom ont requis l’anonymat) est un Erythréen de 26 ans. Il fait partie des premiers migrants qui ont été renvoyés en France après avoir rejoint de façon irrégulière le Royaume-Uni à bord de frêles canots pneumatiques, des small boats.

Ils sont quasiment 37 000 à avoir réussi la traversée de la Manche depuis le début de l’année. Et parmi eux, en vertu d’un accord migratoire signé entre Paris et Londres cet été, une cinquantaine au moins ont déjà fait l’objet d’un retour à la case départ. Binyam avait pris la mer à bord d’une embarcation, aux côtés d’environ 70 autres personnes, le mardi 12 août. Il croyait avoir atteint son but, pour 1 400 euros, après deux tentatives infructueuses et un mois à vivoter dans les campements autour de Dunkerque (Nord). Las, du groupe auquel il appartenait, une dizaine de personnes ont été placées en rétention à leur arrivée en Angleterre, dans le cadre de l’accord bilatéral souvent désigné sous la formule « one in, one out » (« une entrée, une sortie »), puisque le Royaume-Uni est censé accepter sur son territoire le même nombre de personnes qu’il refoule en France (pour le moment, une vingtaine ont rejoint la Grande-Bretagne).

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