« Dans un monde d’une instabilité devenue chronique, les marchés financiers font preuve d’un optimisme aveugle »

Envolée des dettes souveraines, montée du populisme, tensions commerciales entre Washington et Pékin, sans parler des guerres ou du changement climatique relégué au deuxième plan des préoccupations politiques, rien ne semble avoir de prise sur l’appétit des investisseurs. Dans un monde d’une instabilité devenue chronique, les marchés financiers font preuve d’un optimisme aveugle.

Depuis des mois, ils ont adopté une vision dangereusement sélective : la tendance est à surestimer les bonnes nouvelles, tout en feignant d’ignorer systématiquement les mauvaises. Lentement mais sûrement, une déconnexion grandissante s’opère entre l’économie réelle et des actifs surcotés.

L’origine de la complaisance actuelle des marchés est bien identifiée. Elle réside dans un excès de liquidités disponibles qui tarde à se résorber. Pour éteindre l’incendie de la crise financière de 2008, les banques centrales ont injecté dans l’économie d’énormes masses d’argent créées ex nihilo. Les mesures exceptionnelles prises pendant la pandémie de Covid-19 ont prolongé la tendance.

Faute d’avoir suffisamment asséché cet excès de liquidité, de peur de générer de nouvelles crises, les banques centrales ne peuvent que constater des distorsions qui deviennent de plus en plus évidentes et finissent par créer un aléa moral. Sachant que les autorités monétaires seront réticentes à déclencher des corrections de marché trop brutales, les investisseurs s’enhardissent en prenant de plus en plus de risques. Surtout, ils se persuadent qu’à tout moment, si les choses se gâtent, les banques centrales joueront une fois encore leur rôle de deus ex machina, grâce à de fortes baisses de taux d’intérêt, voire de programmes de rachat d’actifs.

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