La dégradation généralisée des sols alarme l’Unesco

La dégradation généralisée des sols alarme l’Unesco

Les sols, une inestimable ressource que nous foulons aux pieds. Début juillet, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a tiré la sonnette d’alarme à l’occasion d’une conférence qu’elle organisait à Agadir (Maroc). « Les sols jouent un rôle crucial dans le maintien de la vie sur Terre. Pourtant, ils sont encore bien souvent négligés ou mal gérés », a souligné dans son discours de clôture Audrey Azoulay, sa directrice générale, tout en appelant la communauté internationale à faire de leur protection et de leur réhabilitation « une priorité ».

L’Unesco veut élaborer un indice global de la santé des sols pour pouvoir « évaluer et comparer leur qualité et leur évolution ». Car, pour l’heure, « il n’existe pas de définition consensuelle de ce qu’est un sol sain », relève Philippe Hinsinger, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), à Montpellier. Des évaluations ont cependant déjà été réalisées. En 2018, par exemple, le Centre commun de recherche de l’Union européenne a estimé que, à l’échelle du globe, 75 % des terres étaient déjà dégradées, avec un impact direct sur 3,2 milliards de personnes. Et 90 % des terres pourraient l’être d’ici à 2050.

En juillet 2023, l’Union européenne annonçait préparer une directive « Surveillance et résilience des sols » – un acte législatif toujours attendu, alors qu’elle évalue à 60 % la proportion de sols dégradés à travers le continent. « Ce taux est très probablement sous-estimé », juge Philippe Hinsinger. L’UE, en effet, ne prend pas en compte les pollutions chimiques par des pesticides, les rejets industriels… Ce, alors qu’aucun écosystème, sur terre ou dans les océans, n’est désormais indemne de produits phytosanitaires, a montré une expertise collective coordonnée en 2022 par l’Inrae et l’Ifremer.

L’enjeu, de fait, est vital : les sols produisent 95 % des aliments que nous consommons. Bien au-delà, ils « fournissent silencieusement la quasi-totalité des services et des fonctions écosystémiques qui permettent à la vie d’exister sur Terre », résumait en 2022 Ronald Vargas, alors secrétaire du partenariat mondial des sols à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Ils assurent, entre autres, le nettoyage, le filtrage et le stockage de l’eau, le recyclage des nutriments dont les plantes ont besoin pour se développer, la régulation du climat et des inondations, l’élimination du dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre.

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