Alors que tout s’effondre, que vaut encore l’art ? De Corée du Sud et de Colombie, deux cinéastes rendent leur copie en salle mercredi 29 octobre. Et elles n’ont rien d’une dissertation de philosophie, même si elles valent bien des essais en sociologie ou en anthropologie de l’art : ce sont deux films d’une formidable vitalité, tour à tour émouvants, comiques et cruels. Ils ont tous deux pour personnage principal un poète qui revendique d’être qualifié ou reconnu comme tel.

Sur le plan générationnel, c’est à front renversé. Le prolifique maître sud-coréen Hong Sang-soo, à 65 ans, choisit pour Ce que cette nature te dit un jeune poète à peine trentenaire, Donghwa, qui rencontre pour la première fois les parents de sa petite amie. Le Colombien Simon Mesa Soto, 39 ans, se voue, dans Un poète, son deuxième long-métrage, à un personnage quasi sexagénaire, le malingre et disgracieux Oscar, dont les recueils de jeunesse ont eu un succès d’estime et qui, depuis, incube un grand œuvre sans cesse reporté.

Il s’est séparé de la mère de sa fille, qui ne voit en lui qu’un être pathétique. Il doit vivre chez sa propre mère à Medellin, a accroché dans sa chambre le portrait du poète tourmenté national José Asuncion Silva (1865-1896). Oscar a tendance à aller se pinter la gueule dans les bars du coin, pour déclamer dans la rue quelques manifestes alcoolisés et emphatiques, hurler que Gabriel Garcia Marquez (1927-2014), ce « vendu », figure sur un billet colombien.

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