« On s’attendait à faire 20 000 entrées. J’y vois donc quelque chose de divin, une faveur de Dieu sur ce film. » En réfléchissant bien, c’est l’explication la plus sensée qu’Hubert de Torcy, distributeur de son état, a trouvée pour expliquer l’inattendu succès de son film Sacré-Cœur, un documentaire-fiction sur la vie d’une grande mystique du XVIIe siècle, sainte Marguerite-Marie Alacoque, qui mêle images reconstituées du calvaire de Jésus et témoignages contemporains d’ecclésiastiques et de dévots. Un long-métrage à tout petit budget (environ 800 000 euros) qui n’aurait jamais dû déborder de la niche de fidèles à laquelle il était destiné, mais qui dépasse, depuis sa sortie le 1er octobre, les 250 000 entrées.
« Sacré-Cœur raconte une histoire méconnue et incroyable qui amène de l’espérance, qui fait grandir l’amour et la joie, résument Sabrina et Steven Gunnell, réalisateurs et producteurs du film. Ç’a de la gueule d’avoir ce film au milieu du bordel ambiant, des guerres, des tensions sociétales… Certains le critiquent, disent que c’est plat, kitsch, mal écrit. Mais Jésus lui-même ne fait pas l’unanimité. » Le couple poursuit à travers la France la promotion de son neuvième documentaire : « Les salles sont pleines, on est dépassés. » Beaucoup plus « méditatif » qu’une tournée d’Alliage, le boys band de la fin des années 1990 dont faisait partie Steven Gunnell, lequel, après le succès, les excès et la dépression, a « trouvé Dieu au fond d’une église ».