Deux journalistes sénégalais de télévision et de radio ont été arrêtés pour avoir interviewé Madiambal Diagne, un patron de presse sénégalais se trouvant actuellement en France, sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par le Sénégal, a appris, mercredi 29 octobre, l’Agence France-Presse (AFP) auprès de leurs rédactions.

La journaliste Maïmouna Ndour Faye, directrice de la chaîne de télévision 7TV, a été interpellée par des gendarmes, mardi soir, pendant la diffusion de l’interview, a indiqué le Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse au Sénégal, dans un communiqué transmis, mercredi, à l’AFP.

Elle a ensuite été placée en garde à vue, mercredi, pour « atteinte à la sûreté de l’Etat et atteinte à l’autorité de la justice », a dit à l’AFP l’un de ses avocats, Amadou Sall. Le signal de la chaîne de télévision a été interrompu pendant plusieurs heures avant d’être rétabli, mercredi matin, a dit à l’AFP son rédacteur en chef, Séckou Diémé.

Le directeur de la radio privée Futurs Médias (RFM), Babacar Fall, a été interpellé à son tour, mercredi matin, après avoir interviewé en direct M. Diagne. « La police a fait irruption dans nos locaux et est partie avec Babacar Fall menotté », a indiqué un journaliste à l’antenne de la radio. Deux autres journalistes du même groupe de presse, interpellés avec M. Fall, ont été libérés peu de temps après, a précisé la direction de RFM.

« Maïmouna Ndour Faye avait déjà enregistré l’émission pour sa diffusion [mardi soir]. Des gendarmes armés jusqu’aux dents ont débarqué dans les locaux du média » au moment de la diffusion et « ont tenté d’embarquer de force » Mme Ndour Faye, a expliqué le rédacteur en chef de 7TV. Les autorités sénégalaises ne s’étaient pas exprimées sur le sujet mercredi en début d’après-midi.

Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal a exprimé, mercredi matin dans un communiqué, sa « vive préoccupation à la suite de deux interventions dans des circonstances qui interpellent la conscience démocratique ». De son côté, la Coordination des associations de presse, une confédération syndicale, a dénoncé, mercredi, des actes d’une « extrême gravité » qui « constituent des atteintes inqualifiables à la liberté de la presse ».

M. Diagne, homme d’affaires, journaliste critique du pouvoir et patron du groupe de presse Avenir Communication, éditeur du journal Le Quotidien, faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis fin septembre. Précédemment convoqué par la Division des investigations criminelles dans le cadre d’une enquête portant sur de présumées transactions financières suspectes, il avait fui le Sénégal pour la France. Une épouse et deux de ses enfants sont en détention dans le cadre de cette enquête.

Il avait été interpellé puis relâché et placé sous contrôle judiciaire le 21 octobre, en France. Sa mise sous contrôle judiciaire a été levée, mardi, par la justice française, a confirmé, le lendemain auprès de l’AFP, son avocat, Baboucar Cissé.

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