Le 4 janvier 1966, dans son atelier du Lower East Side, à New York, On Kawara réalise un tableau qui bouleversera sa carrière. L’artiste japonais installé aux Etats-Unis peint un fond bleu et, par-dessus, la date du jour. Rien d’autre. Le lendemain, il recommence. Le surlendemain également. Certains jours, il ne peint pas. D’autres, oui.
Jusqu’à sa mort, en 2014, à l’âge de 81 ans, le plasticien peindra plus de 3 000 Date Paintings, avec toujours le même procédé, fidèle à l’esprit de l’art conceptuel dans lequel son travail s’inscrit : chaque toile portant la date de sa création, elle doit être achevée avant minuit ; les couches de peinture se superposent minutieusement pour donner l’impression d’une impression et non d’un travail manuel… Et surtout, aucune explication n’est donnée.
Seul indice dans ce vaste corpus : les dates sont inscrites dans la langue du pays où les toiles ont été réalisées. Mais de savoir pourquoi On Kawara a choisi ou non de noter la date du jour sur la toile, mystère. Evénement personnel, date marquante de l’actualité, choix aléatoire, méditation sur l’imprévu de la vie et le temps qui passe… Personne n’en saura jamais rien.