En 1917, le jeune révolutionnaire au port aristocratique, yeux noirs et lèvres pincées, envoie une lettre en forme de bilan. Depuis la Barcelone anarcho-syndicaliste, et alors que ses camarades sont une fois de plus tentés par la violence, il écrit à un ami : « Je suis dégoûté de voir nos idées, si belles, si riches, finir dans la boue et le sang, dans un ignoble gâchis d’énergies juvéniles. »

A l’époque, celui qui trace ces mots est essentiellement connu des milieux libertaires, où l’on apprécie les articles qu’il signe sous le pseudonyme « Le Rétif ». Il n’est pas encore le célèbre Victor Serge (1890-1947), dissident soviétique libéré par Staline grâce à une mobilisation internationale orchestrée par des écrivains de renom comme André Malraux, André Gide ou Romain Rolland ; il n’est pas ce héros solitaire que les communistes parisiens qualifieront de « traître » et de « fasciste » parce qu’il osait dire ce qu’il a vécu en URSS ; il n’a pas publié S’il est minuit dans le siècle (1939), son grand roman de la tyrannie soviétique.

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