Pour eux qui ont passé pas mal de temps à se demander ce que leur père et leur mère avaient de suffisamment fort en commun pour leur imposer cette nouvelle vie à quatre, pour le forcer, lui, à quitter ses montagnes et le ski club, en cette aube abandonnée, la réponse est limpide : l’alcool. Avec sa nouvelle demi-sœur, il a passé une partie de la nuit dehors, alors que leurs parents faisaient encore ce qu’ils appellent « la fête », dans la maison louée pour les vacances, avec des invités à peine rencontrés, imaginés meilleurs amis pour leur soirée Halloween.
Découvrant cette sensation brumeuse cuisinée dans le terreau des nuits blanches, il essaye de se souvenir, mais il ne sait plus très bien ce qu’ils ont fait des heures précédentes. Il ne connaît pas l’heure exacte du lever du jour, mais ça doit faire trois ou quatre heures qu’ils sont seuls dehors sans surveillance. Maintenant, ça lui semble lunaire. Les pieds dans le sable, encore dans leurs costumes, lui en diablotin, elle en citrouille, il tente de reconstituer le puzzle. Il y a eu le dîner, où il a fallu esquiver son père, lui mentir, pour ne pas avouer avoir perdu dans l’après-midi, lors de sa session de surf, sa nouvelle montre pop vert pomme au bracelet en tissu trop stylé que sa grande sœur, sa vraie grande sœur, lui a offerte pour sa première communion.