Elle arrive chaussée de pantoufles en moumoute rose, demande à son agent de remonter le Zip de sa robe. Commande un « pornstar Martini » puis enfile des escarpins transparents de 12 centimètres, donnant ainsi à son mètre quatre-vingt-dix une hauteur franchement intimidante. Mami Watta est alors prête à exécuter les lubies du photographe (s’allonger sur le bar ? « pas de problème » ; s’asseoir sur sept tabourets empilés ? « OK »). Cela fait, elle remet ses chaussons, s’assoit à la table du fond et, avec sa voix qui porte, ses cascades d’anglicismes, ses éclats de rire qui ponctuent ses phrases, elle se met à parler vite, redoutablement vite.

« Durant mes cours de plaidoirie, en études de droit, mon prof me disait que je parlais trop rapidement, et trop tout court ! Ça n’a pas changé ! » Pourtant, c’était dans une autre vie. Elle ne s’appelait pas encore Mami Watta, n’imaginait pas gagner sa vie en tant qu’artiste drag-queen, encore moins remporter, le 28 août, la saison « All Stars » de l’émission « Drag Race France », diffusée sur France 2. C’était alors un garçon doux qui s’appelait William et vivait à Abidjan (Côte d’Ivoire), se maquillait en cachette dans la salle de bains de ses parents, se découvrait homosexuel dans une société ivoirienne où, si ce n’est pas criminalisé, ce n’est pas pour autant permis.

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