Cela constitue une première en France. Les élus de l’Assemblée de Corse ont voté à l’unanimité, vendredi 31 octobre au soir, un rapport sur la création d’une commission de lutte contre « les pratiques mafieuses ». Cette nouvelle instance doit « étudier les phénomènes mafieux » et « l’impact des crimes mafieux sur la société corse et leurs victimes », mais aussi « améliorer les dispositifs existants et en proposer des nouveaux sur le plan législatif et réglementaire », dit le rapport.
La commission comptera 35 personnes, réparties en trois collèges : 16 élus de l’assemblée de Corse, six membres des instances consultatives de l’assemblée, comme l’assemblée des jeunes, et 13 représentants de la société civile, membres d’associations, de la Ligue des droits de l’homme et de collectifs antimafia. La présidence de cette nouvelle instance sera partagée entre la société civile et les élus, précise encore le rapport.
L’Etat français ne sera pas représenté de manière permanente dans cette commission, mais des représentants pourront être invités, en fonction des thématiques abordées. Une absence que déplore Jean-Martin Mondoloni, président du groupe de droite Un soffiu novu. « C’est à l’Etat d’apporter des solutions et des moyens. Il doit participer à cette commission », a-t-il jugé.
Dans une lettre envoyée aux élus avant les débats, le collectif antimafia Massimu Susini, à l’origine de l’initiative, avait réclamé un « véritable outil d’analyse et de lutte » et non « une instance à palabres ».
Le 28 février 2025, l’Assemblée de Corse avait voté, à l’unanimité, une délibération contre les « pratiques mafieuses » en s’engageant à « ériger le refus de ces pratiques (…) comme une priorité de l’action publique de la collectivité de Corse ».
Une manifestation organisée par la coordination antimafia est prévue le 15 novembre à Ajaccio. La Corse est en tête, au niveau national, en nombre d’homicides rapportés à la population, avec 18 homicides et 16 tentatives d’homicide en 2024 pour 355 000 habitants.