Un dimanche de fin septembre, 8 h 30, hippodrome ParisLongchamp, dans l’ouest de la capitale. Alors que quelques joggeurs s’élancent dans les allées de ce coin tranquille du bois de Boulogne, des dizaines de cyclistes juchés sur des montures rutilantes fendent l’air en mode Tour de France, maillots bigarrés et casques profilés.
Nous sommes sur l’« anneau », une piste cyclable de 3,6 kilomètres (dont un faux plat) qui encercle l’hippodrome, l’un des spots d’entraînement les plus recherchés de Paris (et, avec 10 millions de tours, le segment le plus roulé au monde sur l’application Strava, le réseau social des sportifs). Certains vont tourner pendant des heures avec leur vélo en carbone ; d’autres vont s’échauffer avant de s’échapper en petit peloton pour une sortie « gravel » sur terrain mixte de trois ou quatre heures hors de Paris, en vallée de Chevreuse toute proche ou un peu plus loin dans les Yvelines.
Michel (les personnes citées par leur prénom ont souhaité garder l’anonymat), 53 ans, fait une pause. Moulé dans une élégante tenue noire, il est perché sur son « destrier » de la marque Giant, qui lui a coûté 3 000 euros : « Ici, c’est vraiment pour l’entraînement, ça roule vite, très vite – mais ça peut devenir un peu ennuyeux de tourner en rond », avoue ce Parisien, qui affiche entre 100 et 150 kilomètres au compteur par semaine, et qui a aussi ses habitudes au « polygone », un anneau cyclable situé dans le bois de Vincennes, dans le 12e arrondissement. Chef d’entreprise dans le design, Michel s’est mis au vélo il y a cinq ans, pour entretenir sa forme après une blessure qui l’a contraint à arrêter la course à pied. Il est l’archétype du « Mamil ».