Le grand coffre noir dans lequel Gabriel s’est caché n’est pas un meuble ordinaire : chaque fois qu’il le rouvre, il se retrouve projeté plus loin dans le passé et rencontre ses ancêtres, qui, depuis la nuit des temps, se régalent du plat familial traditionnel, le canard aux pistaches. Cette intrigue est celle du Coffre magique, de Michel Grimaud, parue dans le magazine J’aime lire en mars 1989. Les parents qui ont gardé leurs vieux numéros et qui les partagent, aujourd’hui, avec leurs enfants le savent : le magazine est lui-même une véritable machine à remonter le temps. « Ça fait partie du patrimoine des familles. Ils traînent dans les bibliothèques, on se les transmet, un peu dépenaillés, dit Marie-Aude Murail, une autrice jeunesse à succès qui y a fait ses premières armes. Les J’aime lire ont marqué l’imaginaire de générations entières, on ne trouvait nulle part ailleurs qu’en France des magazines pour enfants qui n’étaient pas des comics. »
Avec 587 histoires publiées à ce jour, J’aime lire est un baromètre de notre regard sur l’enfance. Depuis janvier 1977, la formule n’a quasiment pas bougé : même ligne éditoriale, même cible, même calibrage. « Avec sa régularité de métronome pour publier 12 romans par an depuis quarante-huit ans, J’aime lire offre un bon éclairage sur les évolutions de la fiction destinée à l’enfance, et aussi un miroir de la société, note Delphine Saulière, directrice des rédactions Bayard Jeunesse. Même avec des fictions très contrôlées, les histoires sont le reflet d’une époque, de ses tensions et de ses angoisses. »