La pharmacie des Avaloirs, à Saint-Pierre-des-Nids, dans le nord de la Mayenne, vient tout juste d’ouvrir, ce matin d’octobre. Les plus matinaux se pressent au comptoir, leur ordonnance à la main. Des habitués, pourrait-on dire. L’officine n’est pas grande mais chaleureuse, vestige de l’ancienne forge. Le couple de pharmaciens, Anne Turminel et Antoine Rousset, vit sur place. La première est « tombée dans la marmite » de la pharmacopée : sa mère, Evelyne, a repris l’officine en 1966 et l’a tenue pendant près de cinquante ans.
Sur le comptoir, une pétition attire la rétine : « Non aux déserts pharmaceutiques ! De plus en plus de pharmacies ferment chaque année : une pharmacie sur trois est menacée ! C’est 6 000 communes qui risquent d’être privées de leur officine. Moins de pharmacies, moins de soins, moins d’accompagnement : votre santé en danger. » Quelque 800 signatures ont déjà été récoltées, dans un village de 1 700 âmes.
« Y a des bruits qui courent comme quoi vous risquez de fermer, c’est vrai ? », s’inquiète un retraité. « On n’est pas mort mais c’est de plus en plus compliqué, concède Antoine Rousset. Avec les deux médecins en moins, on a perdu plein de clients. »