Dans le delta du Danube, la guerre en Ukraine fragilise des écosystèmes déjà menacés

Pour atteindre Chilia Veche, bourg roumain de 1 700 habitants dans le delta du Danube, il faut emprunter un bateau à Tulcea et naviguer plus de trois heures sur un bras du grand fleuve européen. Le petit port de pêche, composé d’anciennes maisonnettes et de quelques immeubles datant de l’époque communiste, se trouve au centre de cette région aux confins de l’Europe, où rivières et canaux s’écoulent entre lacs, forêts, îlots et étendues de roseaux, avant de se jeter dans la mer Noire.

Le delta, un des mieux préservés au monde, a été inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1991, puis élevé au rang de réserve naturelle de biosphère transfrontière sur 5 200 kilomètres carrés. Plusieurs écosystèmes fragiles se sont formés, refuges pour près de 3 000 variétés de plantes et 4 300 espèces animales, dont plus de 300 d’oiseaux.

C’est dans ce petit « coin de paradis » que vit depuis toujours Mircea Ghiban, 50 ans, président de l’association de pêcheurs de la commune et fier descendant d’une minorité d’Ukrainiens, établie depuis quelques siècles sur ce territoire. Mais, depuis février 2022, le « paradis » est perturbé par la guerre en Ukraine, toute proche. Kilia, commune ukrainienne d’environ 20 000 habitants, est visible sur la rive opposée, à quelque 200 mètres à vol d’oiseau.

Les ports ukrainiens sur le Danube, qui remplacent celui d’Odessa pour l’exportation de céréales et marchandises, se font régulièrement attaquer par les drones et missiles russes, dont les explosions assourdissantes résonnent aussi côté roumain. Le bras de Chilia est malgré tout devenu une des entrées pour les cargos de marchandises qui vont et viennent sur le Danube, le trafic maritime ayant quasi triplé depuis l’été 2022.

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