Contre la déprime, la blague de prout est-elle l’autre barrage républicain ?

Contre la déprime, la blague de prout est-elle l’autre barrage républicain ?

Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire « Darons daronnes » sur la parentalité, envoyée tous les mercredis à 18 heures. Pour la recevoir, vous pouvez vous inscrire gratuitement ici.

Depuis le 9 juin et l’annonce de la dissolution, jusqu’aux résultats surprise du second tour des législatives, dimanche 7 juillet, j’ai constaté en moi un phénomène étrange. Au lieu de me sentir vaguement accablée par les obligations parentales du mois de juin, je m’en suis réjouie de manière démesurée. Il faut remplir douze fois un formulaire en ligne tout droit sorti des années 2000 pour choisir les horaires de ma fille au conservatoire ? Je m’y attelle toutes affaires cessantes. Il faut trouver un moyen d’inscrire mes deux filles à la natation, alors que l’une est en « débutant » et l’autre en « perfectionnement », le même jour, à une heure d’écart ? J’échafaude des plans impossibles avec mon conjoint, à base de billets achetés à l’avance pour que l’aînée puisse illégalement se rendre seule à la piscine. Mes deux derniers enfants veulent faire l’une de la poterie, l’autre du rugby ? Je manque de m’évanouir de joie en dégotant ces deux activités au même endroit à la même heure.

J’ai remarqué aussi qu’à des moments inappropriés – par exemple au beau milieu de la lecture d’un article sur le programme du Rassemblement national pour l’école –, j’ai éprouvé un besoin irrépressible de m’interrompre pour regarder le trajet de nos vacances sur Google Maps, ou celui des futures sandales de ma fille sur Vinted. Et enfin, j’ai constaté que, la dernière semaine d’école, ma joie en arrivant aux grilles pour récupérer, échevelée, mes enfants à 18 h 02 était encore plus grande que d’habitude. J’avais envie de les renifler, de les entendre rire, de les écouter pendant deux heures me raconter des anecdotes interminables sur le yaourt de la cantine.

J’ai fini par m’interroger. Que m’arrive-t-il ? C’est une amie avec laquelle je déjeunais la semaine dernière qui m’a livré, clés en main, la réponse et l’idée de ce billet. Elle m’a dit : « J’ai complètement craqué. Moi qui suis depuis toujours contre les franchises et les super-héros en jouets, j’ai acheté à mon fils un Lego Spider-Man. Et mon compagnon a pris des énormes pistolets à eau Pat’Patrouille. » Elle m’a expliqué qu’elle avait envie, ces jours-ci, de faire un peu n’importe quoi, des plateaux-télé un soir d’école, des rigolades improvisées, des couchers trop tard pour son fils. De créer de la joie en famille.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario