Chaque soir ou presque, le nouveau visage de l’extrême droite française allume un sourire sur commande en longeant une foule compacte, patiente et chargée de bouquins, s’installe à sa table et dit joyeusement : « Allez, on peut y aller. » Une première personne s’avance en frissonnant, comme si elle avait face à elle un futur président de la République. C’est une scène qui ne laisse pas de stupéfier, mais se répète qu’importe la météo et s’étire sur plusieurs heures, longues comme la lecture de l’objet du soir, une succession de portraits de travailleurs (Ce que veulent les Français, Fayard, 392 pages, 23,90 euros). Jordan Bardella le signe 1 500 fois, pose 1 500 fois pour une photo, dit 1 500 fois « merci, merci beaucoup », et recommence le lendemain dans une autre ville, car la politique, c’est l’art de la répétition. Tant et si bien qu’après ce deuxième livre en deux ans, il ne dirait pas non à un troisième.

La dédicace du président du Rassemblement national (RN), une sortie mère-fille : au bout de la file, ce lundi 10 novembre au soir à Perpignan, on croise Agnès, 62 ans, et son héritière, qui garde secret son prénom, « très identifiable ». Pourquoi elles l’aiment ? « Sa sincérité. Il s’ouvre aux gens. Ce n’est pas un fils de riche, il n’a pas fait d’études : pour moi, c’est très positif quand on voit ce que nos dirigeants à bac + 20 ont fait du pays. Je préfère quelqu’un de pragmatique. Il n’est pas sectaire, cela manque beaucoup. » Agnès était dans la fonction publique, elle vient de prendre sa retraite. Elle n’oublie pas Marine Le Pen, adore l’idée du « binôme », mais glisse : « Je pense qu’il draine d’autres personnes, les jeunes, à travers son parcours, et les classes supérieures. En 2027, il peut élargir. »

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