Jusqu’au dernier moment, on ne connaissait de la 15e Biennale de Shanghaï que son titre (« La fleur entend-elle l’abeille ? »), accompagné d’une note d’intention de sa commissaire générale, la Canadienne Kitty Scott. La liste des quelque 70 artistes sélectionnés n’a, elle, été dévoilée qu’une semaine avant l’ouverture de l’événement, début novembre ? la faute à la commission de censure chinoise, dont le feu vert s’est fait attendre. La thématique annoncée, « à l’intersection de différents modèles d’intelligences, humaine et non humaine », laissait pourtant supposer que les œuvres ne viendraient pas particulièrement chatouiller les censeurs mandatés pour traquer les sujets sensibles. En revanche, la formulation n’associant pas le terme « intelligence » à « artificielle », mais plutôt au monde naturel, intriguait. S’agissait-il d’un magistral pied de nez à l’époque, dominée par les enjeux de l’intelligence artificielle (IA), en Chine comme ailleurs ?
« Il n’y a rien d’antitechnologie dans cette biennale, mais j’ai été très touchée par un texte publié il y a quelques mois dans le New Yorker par un grand spécialiste de la tech, Jaron Lanier, réagit Kitty Scott. Il y évoquait sa pratique d’instruments de musique du monde entier et de toutes les époques, avec lesquels son corps doit à chaque fois entrer en résonance, pour souligner le fait que la virtualité de l’IA ne peut pas copier cette force intrinsèque de l’expérience. Selon lui, la matérialité transcende les abstractions. »