A un moment, un buffle et un castor sont apparus dans la conversation. C’était à propos du livre que CharlElie Couture vient de publier, Manhattan Galerie. Traits portraits (Calmann-Lévy, 104 pages, 14,90 euros, numérique 11 euros), où il trace le portrait écrit et dessiné de 50 visiteurs de l’atelier-galerie qu’il a tenu à New York entre 2010 et 2015, The RE Galerie. On lui fait remarquer que ce livre est à l’image de beaucoup de ses chansons et tableaux : des zooms sur un personnage, un instant suspendu, avec tout un monde en arrière-plan, comme attrapé au vol. « J’ai toujours fait ça, répond-il. Quand j’étais gamin, si je dessinais un cow-boy, à côté, j’écrivais : “Le cow-boy court parce qu’il y a 100 Indiens qui le poursuivent, et après, il a rencontré un buffle, et après un castor…” » Le goût de raconter des histoires ? Une nécessité, plutôt. « J’ai toujours besoin d’en dire plus. »
C’est de cela que l’on discute, dans l’arrière-salle d’un café du 10e arrondissement de Paris, tandis que la nuit tombe, et que le verre de kir descend lentement : du « plus », du désir jamais éteint de multiplier les angles, les visions, les univers. A propos de son nouveau livre, il dit : « Il aurait pu contenir 100 portraits, mais ç’aurait été trop, non ? » Parfois, CharlElie Couture se retient. Rare concession aux limites du réel, pour un homme qui a passé sa vie à tenter de les abolir.