Santiags blanches, longues boucles d’oreilles en perles, montre connectée au poignet et robe tissée par l’artiste navajo Naiomi Glasses… la poétesse et musicienne Joy Harjo, membre de la nation Muscogee, a les atours de la légende qu’elle est. En cette fin d’après-midi de novembre, le public d’étudiants et de professeurs s’est inscrit en si grand nombre pour l’entendre qu’il a fallu changer le lieu initialement prévu pour investir l’amphithéâtre Richelieu, le plus vaste de la Sorbonne.

Assise au premier rang, son saxophone rutilant sur les genoux, sa flûte à portée de main, entourée de son mari et de sa petite-fille qui l’accompagnent dans sa tournée française, l’artiste écoute avec un sourire en apparence détaché la présentation enthousiaste de la maîtresse de conférences en littérature comparée Marthe Segrestin, qui l’intronise « immense figure de la poésie américaine et mondiale ».

Enseigné depuis plusieurs années par des professeurs curieux des écrits amérindiens, son recueil de poèmes L’Aube américaine (Editions Globe, 2021, traduit de l’anglais par Héloïse Esquié) est inscrit au programme 2026 de l’agrégation de lettres modernes. Hiératique, Joy Harjo, 74 ans, s’avance sur la scène d’un pas prudent – une fracture au pied datant d’il y a quelques mois se fait encore sentir. Mais, contrairement à sa démarche, son ton, lui, est assuré. Une heure durant, debout, aidée d’un petit carnet en moleskine, elle tisse une performance où s’entrelacent des lectures de ses textes et des intermèdes à la flûte ou au saxophone.

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