S’il ne réussit pas à tous les coups, on sait gré à Fabrice Eboué de chercher à se tenir à l’endroit d’une possible catharsis collective, cherchant toujours le lieu où ça gratte – et où, donc, il est possible de rire. L’histoire de l’esclavage (Case départ, 2011, son film le plus abouti), les religions (Coexister, 2017) ou la guerre entre végans et viandards (Barbaque, 2021) : sur le ring national, les idéologies et particularismes de chacun tournent à la psychose et s’affrontent.

A son tour, Gérald le Conquérant s’attaque à l’obsession identitaire mâtinée de complotisme : dans le Calvados, Gérald (Fabrice Eboué), un métis créole et normand, gère une petite ferme avec sa charmante épouse (Alexandra Roth) et son demeuré de fils (superbe Logan Lefèbvre). Soir et matin, l’homme n’est obsédé que par une chose et fomente un projet pharaonique à la mesure de son patriotisme normand : faire sortir de terre, sur le modèle du Puy du Fou, un immense parc d’attractions identitaire à la gloire de son héros, Guillaume le Conquérant (duc de Normandie puis roi d’Angleterre).