Jeune retraitée, Michèle dit être une « vraie mémé ». A 61 ans, cette ancienne policière de Hœilaart, au sud de Bruxelles, vit au rythme de la cuisson des gaufres, des sessions de crochet et des rendez-vous familiaux. Elle passe aussi beaucoup de temps sur Facebook.

Il y a peu, le réseau social a fait découvrir à Michèle (dont Le Monde a choisi de conserver l’anonymat, comme tous les témoins de cet article) une communauté qui l’a rendue « perplexe ». Dans le groupe « où l’on anime les photos », elle voit des inconnus poster des clichés personnels et demander qu’ils soient transformés en vidéos grâce aux progrès de l’intelligence artificielle (IA). En réponse, les plus aguerris, qui maîtrisent les logiciels de vidéo par IA et en manient les prompts (instructions données à l’IA) avec plus ou moins de finesse, partagent leurs créations.

Michèle l’avoue, elle n’est pas experte en IA. Elle utilise « ChatGPT, et c’est tout ». Mais elle a déjà demandé au robot conversationnel d’OpenAI des retouches d’images et les résultats n’étaient « pas crédibles ». Alors, la retraitée saute le pas. Dimanche 23 novembre, elle envoie sa requête sur le groupe Facebook.

« Mon petit-fils n’a jamais connu son papa, décédé dans un accident alors que sa compagne était enceinte. Pourriez-vous faire un miracle et les réunir tous les trois ? », écrit-elle. Elle l’accompagne d’une photo de Jayden, le petit-fils en question. Et une autre de Tommy, le fils de Michèle, mort dans un accident de moto, il y a onze ans. L’ancien pompier aux yeux bleus est dans les bras de Laura, la mère de Jayden.