Israël a de nouveau bombardé, jeudi 4 décembre dans l’après-midi, le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah, qu’elle accuse de se réarmer. L’armée israélienne avait prévenu peu avant de frappes imminentes, et appelé les habitants de plusieurs villages à évacuer. Selon l’agence de presse officielle libanaise NNA, elles ont touché le village de Mahrouna et une maison du village de Jbaa, où un photographe de l’Agence France-Presse a vu de la fumée s’échapper du lieu visé. Le bilan de victimes éventuelles n’est pour l’heure pas connu.
Les forces israéliennes vont « bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région », avait annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l’armée israélienne pour le public arabophone. Dans un « message urgent » en arabe, ce dernier signale, cartes à l’appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et de Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d’au moins 300 mètres à s’écarter. L’armée a ensuite averti d’autres bombardements à venir sur des « infrastructures militaires » dans deux autres villages du sud du pays.
Ces bombardements surviennent au lendemain d’une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d’une réunion de l’organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024 après une guerre meurtrière entre Israël et le Hezbollah. Jusqu’à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n’ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l’organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et les Nations unies (ONU). La réunion de mercredi a été présentée comme les premières discussions directes depuis plus de quarante ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.
Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur à la fin de novembre 2024, l’armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban, mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV, cette semaine.
Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth, le 23 novembre, pour éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haytham Ali Tabatabaï. Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu. Mais Israël, qui peut compter sur l’aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu’il ne fait qu’appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d’Iran, ennemie d’Israël, « de se reconstruire et de se réarmer ».
Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s’étaient déroulées dans « une atmosphère positive », le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence « incontournable » pour son pays.
La situation demeure donc extrêmement tendue à la frontière sud du Liban, où les populations civiles sont régulièrement prises au piège des affrontements et des frappes. Les appels à l’évacuation des villages de Jbaa et de Mahrouna témoignent de la gravité de la menace, alors que les habitants vivent dans la crainte d’une escalade militaire.
De leur côté, les autorités libanaises continuent de dénoncer les opérations israéliennes, les qualifiant de violations du cessez-le-feu et appelant la communauté internationale à intervenir pour éviter une reprise des hostilités à grande échelle. Les discussions entamées sous l’égide de l’organisme de surveillance du cessez-le-feu pourraient ouvrir la voie à une désescalade, mais la méfiance est encore forte entre les deux pays.
Le Hezbollah, quant à lui, n’a pas officiellement réagi aux dernières annonces israéliennes, mais ses responsables ont à plusieurs reprises affirmé leur détermination à défendre le territoire libanais contre toute agression. La communauté internationale, notamment les Etats-Unis et la France, suit de près l’évolution de la situation, redoutant un embrasement régional.