« A l’aune de ce premier débat budgétaire, les intentions d’Edouard Philippe se dessinent : il fera une campagne clairement marquée à droite »

Il n’y a guère de bonnes manières de rompre. Encore moins pour un prétendant à la succession, avec un président à qui il doit tout – en tout cas beaucoup. Frondeur, Nicolas Sarkozy avait caricaturé Jacques Chirac en vieux roi fainéant, pour mieux mettre en avant sa propre énergie et sa volonté politique. Dissimulateur, Emmanuel Macron avait endormi la vigilance de François Hollande en préparant en sous-main sa candidature à la présidentielle, avant de claquer la porte du gouvernement avec le sourire, esquivant habilement tout procès en trahison.

Vis-à-vis du président de la République, Edouard Philippe est longtemps resté dans un entre-deux, une zone grise : « loyal mais libre ». La dissolution de l’Assemblée nationale, à l’été 2024, a ouvert une brèche. Depuis, il est libre, point. L’ancien premier ministre n’hésite plus à afficher ses désaccords avec M. Macron, critiquant sans fard sa « décision funeste » de dissoudre l’Assemblée nationale. Le 7 octobre, il l’a même appelé à anticiper son départ de l’Elysée, suscitant l’incompréhension des élus macronistes. En début de semaine, il a franchi une étape supplémentaire : en invitant ses troupes à ne pas voter le budget de la Sécurité sociale, Edouard Philippe s’est brutalement détaché du bloc central, pour faire cavalier seul, espérant ne pas être emporté par la vague d’impopularité qui touche le président et les siens. Vite, se « démacroniser », avant qu’il ne soit trop tard.

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