De Laudato si’, la postérité retient qu’il s’agit d’un texte révolutionnaire. Il est vrai que l’encyclique du pape François (1936-2025), publiée en 2015, marque un tournant historique dans la doctrine de l’Eglise en théorisant l’écologie intégrale, fondée sur l’idée d’une « intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète ». De ce texte que le philosophe (et catholique) Bruno Latour (1947-2022) qualifiait d’« innovation prophétique », d’autres passages plus rigoristes sont rarement cités. « Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement », y affirmait par exemple l’ancien pontife.

La phrase renseigne sur les ambiguïtés du concept de nature, dont se réclament certains courants pour justifier une vision conservatrice, voire réactionnaire, au nom d’un ordre prétendu hiérarchique et immuable. Ainsi, l’idée de fonder une société traditionaliste conforme aux « lois de la nature » traverse les écologies d’extrême droite. Parmi elles, l’écofascisme, qui a notamment imprégné l’Allemagne nazie. La conception de la nature du IIIe Reich a puisé dans l’une des figures pionnières et ambiguës de l’écologie, le savant prussien Ernst Haeckel (1834-1919), qui l’appréhende comme une lutte où survivent les plus forts et disparaissent les plus faibles.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario