Sa mère avait été de toutes les luttes sociales, toujours debout malgré la fatigue, à rêver du Grand Soir. Alors la retrouver nue, perdue, en pleine nuit devant son ordinateur, a « achevé » son fils. « Je ne savais pas par où commencer… J’ai pris un cahier pour tout noter. Il m’arrive encore de le rouvrir, parfois en pleine nuit. »
Didier, 64 ans, raconte la fin de vie de Nicole, sa mère. Lui à Toulon, elle à Belleville, dans le 20e arrondissement de Paris, et Alzheimer qui progresse à grande vitesse. « Quatre mois… et puis on se dit à la fin ce truc triste et malsain : au moins, c’est fini. »
En juin 2024, attablée à La Vielleuse, un bistrot bellevillois, Nicole allait « plutôt bien » et confiait au Monde, dans la série « Raconte-moi ta vieillesse », ce que signifiait pour elle avoir 84 ans. Son Paris, sa brasserie, sa macédoine en petites boîtes. Ses pertes de mémoire, la fin des kiosques à journaux, la mort de son mari, l’éloignement de ses enfants.
Des liens défaits pour mille raisons – « n’en parlons plus », elle disait. Malgré ses trois petites laines, Nicole avait « tout le temps froid, mais c’est comme ça avec la vieillesse, que voulez-vous ». Et elle concluait : « Je ne vais pas mourir pour un nez qui coule. »
Nicole est morte le 31 octobre 2025, à l’hôpital Rothschild (Paris 12e), des suites d’une hémorragie cérébrale inopérable, compte tenu de ses pathologies et de son âge. Une chute sur la tête. Elle se remettait à peine de la précédente, qui lui avait cassé un bras, entre autres fractures.