Siècle du chemin de fer, des traversées transatlantiques, des explorations scientifiques à travers le monde comme de l’intensification du commerce à une échelle inédite, le XIXe siècle voit s’ordonner les pratiques et l’imaginaire contemporain du voyage. Deux publications nous le rappellent sur des modes différents : une étude de Sylvain Venayre, Pourquoi voyager ?, et l’édition d’une riche source, le Journal des voyages, de Jules Siegfried (1837-1922).

Sylvain Venayre est un spécialiste reconnu de l’histoire du voyage, dont il avait inventorié les formes au XIXe siècle dans son savant Panorama du voyage (Les Belles Lettres, 2012). Pourquoi voyager ?, recueil d’articles publiés depuis une vingtaine d’années, certains réécrits pour l’occasion, en constitue une sorte de double, destiné à un public plus large. Dix-sept brefs chapitres, écrits sur un mode plaisant, égrènent autant de « leçons du XIXe siècle » – selon le sous-titre – sur les façons de voyager et les objectifs poursuivis dans ces déplacements plus ou moins longs et éloignés.

On y croise Chateaubriand, Stendhal, Conrad, mais aussi des figures aujourd’hui oubliées comme le lithographe David Roberts ou le romancier Gustave Aimard. Sylvain Venayre aime aiguiser la curiosité des lecteurs en donnant à ses chapitres des titres qui sonnent étrangement en réponse à la question « Pourquoi voyager ? » : « Pour ne pas aller voir ailleurs » ou « Pour n’y prendre aucun plaisir », par exemple. Grâce à ce procédé, l’auteur éloigne le lecteur des évidences et l’entraîne dans l’exploration de formes nouvelles ou réaménagées de voyages au XIXe siècle, la lune de miel comme le pèlerinage. Il nous invite ce faisant à réfléchir aux décalages de plus en plus sensibles entre nos façons de vivre et de sentir et celles des hommes et des femmes d’un siècle pourtant si proche.

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