Au dixième mois de la guerre entre Israël et le Hamas, le ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le mouvement islamiste, a annoncé, samedi 13 juillet, qu’au moins 90 Palestiniens avaient été tués, et près de 300 autres blessés, dans une frappe sur un camp de déplacés dans le sud de l’enclave. Dans un communiqué, le ministère de la santé a dénoncé « un massacre odieux (…) contre des citoyens et des déplacés dans la zone d’Al-Mawasi, [à proximité] de Khan Younès ».
L’armée israélienne a assuré avoir visé le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, et le commandant de la brigade de Khan Younès, Rafa Salama, « qui étaient deux cerveaux » de l’attaque du 7 octobre 2023. « La frappe a été menée dans une zone (…) où, d’après nos informations, seuls des terroristes du Hamas étaient présents et où il n’y avait pas de civils », a souligné l’armée dans un communiqué, sans préciser si les deux hommes ciblés avaient été tués. « Il s’agit d’une frappe précise. Il est estimé que la plupart des victimes sont aussi des terroristes qui étaient avec Deif et Salama », a encore affirmé l’armée.
Le Hamas a estimé que les allégations israéliennes visaient « à masquer l’ampleur de l’effroyable massacre » dans l’enclave palestinienne. « Ce n’est pas la première fois que l’occupation [Israël] affirme avoir visé des dirigeants palestiniens, avant que cela ne se révèle faux », a dit le Hamas dans un communiqué.
Le bureau du premier ministre israélien a rappelé de son côté que Benyamin Nétanyahou avait « donné, au début de la guerre, une instruction permanente pour éliminer les hauts dirigeants du Hamas ». Dans la soirée, M. Nétanyahou a déclaré n’avoir « aucune certitude » quant au sort de Mohammed Deif. « L’Etat d’Israël a mené une attaque sur Gaza aujourd’hui pour tenter d’éliminer Mohammed Deif et son adjoint Rafa Salama », a-t-il dit lors d’une conférence de presse. « Il n’y a pas de certitude qu’ils aient été éliminés l’un et l’autre ».
La zone d’Al-Mawasi, sur la côte entre Rafah et Khan Younès, avait été déclarée « zone humanitaire » par Israël, en théorie sûre pour les déplacés. L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) estime qu’environ 1,5 million de personnes s’y trouvent. Nombre de Palestiniens s’y sont réfugiés après le début de l’offensive sur Rafah en mai.
La guerre entre Israël et le Hamas a fait 38 443 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon un nouveau bilan diffusé samedi par le ministère de la santé du mouvement islamiste palestinien. Côté israélien, 1 195 personnes sont mortes – il s’agit aussi de civils pour la plupart – lors de l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, d’après un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) établi à partir de sources officielles israéliennes.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a dit tenir Israël et les États-Unis pour responsables de ce bombardement, tout en reprochant au Hamas de faire durer le conflit. Cette prise de position traduit les tensions croissantes entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas, qui a reproché de son côté au président de l’Autorité palestinienne de prendre le parti d’Israël.
« La présidence palestinienne condamne le massacre [du camp de Mawasi] et en tient le gouvernement israélien pour entièrement responsable, ainsi que l’administration américaine qui apporte toutes sortes de soutiens à l’occupation et à ses crimes », dit Mahmoud Abbas dans un communiqué publié par ses services.
Le président palestinien reproche cependant au Hamas de fournir à Israël le prétexte à de tels bombardements, y compris en ayant mené les attaques du 7 octobre qui ont fait 1 200 morts dans le sud Israël. « La présidence considère qu’en refusant l’unité nationale et en fournissant des prétextes à l’occupant, le Hamas porte la responsabilité juridique, morale et politique de la poursuite de la guerre génocidaire d’Israël dans la bande de Gaza », poursuit le communiqué.
Un responsable du Hamas, Sami Abou Zouhri, a déclaré que les propos de Mahmoud Abbas démontraient que l’Autorité palestinienne avait « choisi d’être dans le même camp que l’occupation ».
L’armée israélienne a fait savoir samedi qu’elle poursuivait ses opérations dans la bande de Gaza, notamment dans la ville de Gaza (Nord), où un correspondant de l’AFP a constaté des tirs d’artillerie et de drones israéliens.
Plus au nord, plusieurs témoins avaient vu vendredi des soldats se retirer de certains quartiers de Gaza, où une soixantaine de corps ont été découverts dans deux secteurs ravagés par les combats, d’après la défense civile palestinienne.
Un correspondant de l’AFP a fait état samedi de tirs d’artillerie dans le sud-est et le centre de la ville de Gaza, ainsi que de tirs de drones dans le sud-ouest de la ville. « Les soldats poursuivent leurs opérations dans la ville de Gaza. En coopération avec l’aviation, les soldats ont éliminé plusieurs terroristes ce dernier jour », a annoncé l’armée. A Rafah, dans le sud du territoire palestinien, « de nombreuses entrées de tunnel ont été démantelées » et de « nombreux terroristes du Hamas ont été éliminés », tandis que l’aviation a visé un entrepôt où avaient été stockés les parapentes utilisés le 7 octobre 2023.
Dans un communiqué, l’armée israélienne annonce que « des soldats ont identifié deux terroristes du Hezbollah s’apprêtant à lancer des projectiles vers le territoire israélien dans la région de Deir Mimas, dans le sud du Liban. (…) Peu de temps après l’identification, l’armée de l’air a frappé les terroristes », ajoute le communiqué.
Dans la soirée, le Hezboollah, qui a mené une dizaine d’attaques contre des positions militaires israéliennes à la frontière samedi, a dit avoir riposté en lançant des dizaines de roquettes sur la localité frontalière israélienne de Kiryat Shmona.
Une source proche du Hezbollah a déclaré à l’Agence France-Presse, sous couvert d’anonymat, que l’une des victimes était membre du parti chiite, tandis que le deuxième homme appartenait au mouvement Amal, allié du Hezbollah. Les deux hommes étaient « des civils et non des combattants », a ajouté la source.
L’Argentine a déclaré le Hamas « organisation terroriste internationale » en raison des attaques menées sur le sol israélien le 7 octobre 2023 et d’« un long historique d’attentats », a annoncé la présidence dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi. Les Etats-Unis, l’Union européenne, le Canada ou encore le Royaume-Uni qualifient déjà le mouvement islamiste d’organisation « terroriste ».
« Ces dernières années ont été révélés [l]es liens [du Hamas] avec la République islamique d’Iran, dont le régime a été reconnu responsable des attentats contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires [qui a fait 29 morts en 1992] et la mutuelle israélienne AMIA [qui a fait 85 morts en 1994] », souligne la présidence dans son communiqué.
Le président Javier Milei, un ardent défenseur d’Israël, y a effectué en février son premier déplacement diplomatique après son élection fin 2023. Il y a défendu le droit de l’Etat hébreu à se défendre face à ce qu’il a décrit comme « du nazisme du XXIe siècle » et annoncé un projet de déménagement de l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem.