L’identité des espions français fait partie des secrets les plus sensibles de la République. La révéler est un délit. Il est pourtant possible, moyennant quelques connaissances techniques, de trouver le domicile de certains d’entre eux, et donc leur identité, leurs habitudes, ainsi que celles de leurs proches, mettant en danger leur sécurité, celle de leur famille et de leur service.
La faute incombe à une industrie publicitaire boulimique, opaque et hors de contrôle qui extrait chaque jour des smartphones des milliards de données personnelles, et notamment des déplacements précis à quelques mètres près, avant de les revendre. A moins d’une hygiène numérique à toute épreuve, il est difficile de lui échapper.
Tous les personnels des institutions les plus sensibles de l’Etat sont concernés : les officiers de services de renseignement, donc, mais aussi les personnels chargés de la protection des plus hautes personnalités, les policiers d’élite, les membres du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), les militaires affectés dans des bases cruciales pour la dissuasion nucléaire, les cadres d’entreprises de l’armement, le personnel pénitentiaire ou encore les salariés de centrales nucléaires.
Ces révélations, qui confirment et approfondissent celles de Franceinfo, sont le fruit d’un partenariat entre Le Monde, le quotidien belge L’Echo, la rédaction spécialisée allemande Netzpolitik.org, la radio néerlandaise BNR et la radio allemande BR. Elles prolongent plusieurs enquêtes sur l’industrie des données personnelles :