Syndrome du bébé secoué : « Bannir le diagnostic automatique, c’est protéger les enfants et restaurer la confiance dans les institutions médicales »

Dans une tribune au Monde, parue le 24 novembre, un collectif de médecins a réagi au livre de la journaliste d’investigation de la journaliste Sophie Tardy-Joubert, Le Vertige du doute (Les Arènes, 288 pages, 22 euros). Ils reconnaissent enfin que le « questionnement scientifique se poursuit » et que les connaissances sur le syndrome du bébé secoué (SBS) restent incomplètes.

Nous, médecins, chercheurs, juristes, travailleurs sociaux, journalistes et écrivains provenant de douze pays différents, nous réjouissons que le SBS fasse aujourd’hui l’objet d’une attention scientifique et médiatique de premier plan. Il est urgent de poursuivre sur cette voie, mais en veillant à respecter strictement les fondements universels de la démarche scientifique.

Il ne s’agit évidemment pas d’affaiblir la lutte contre la maltraitance, que nous soutenons pleinement, tout comme le devoir de prévention contre les secouements. Mais au contraire de la renforcer en bannissant tout diagnostic automatique : par une détection plus fiable, plus robuste et adaptée à chaque cas, qui protège les enfants réellement en danger, évite les placements injustifiés et les erreurs judiciaires, et restaure la confiance dans les institutions médicales et judiciaires. Il était temps que les autorités médicales françaises reconnaissent le débat sur le SBS.

A l’international, ce mouvement, ancien, s’accélère. Le 20 novembre, la Cour suprême du New Jersey a estimé que le diagnostic n’était pas suffisamment consensuel au sein de la communauté scientifique pour être utilisé dans les tribunaux. En octobre, l’Académie américaine des sciences évoquait une « controverse considérable » à ce sujet. Aux Etats-Unis, pays d’origine du SBS, plus de 40 condamnations ont été annulées en trente-cinq ans, dont la moitié depuis 2017. En Suède, les deux Cours suprêmes et la SBU – homologue de la Haute Autorité de santé (HAS) française – ont signé en 2016 la fin des poursuites fondées sur ce diagnostic, sauf lorsqu’il existe des signes évidents de violence. Au Royaume-Uni et au Canada, les pratiques médico-légales évoluent dans le même sens.

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