Tous les deux ans a lieu la Coupe d’Afrique des nations, la CAN, un événement sportif majeur qui suscite l’enthousiasme des fans de football sur tout le continent. La prochaine CAN doit débuter le 21 décembre au Maroc. Pendant le tournoi, tous les yeux sont tournés vers le pays hôte, gagné par une effervescence toute particulière et un sentiment de fierté nationale.
Le Maroc nourrit de grandes ambitions dans le domaine du sport et, dans le cadre de sa stratégie de diversification économique, souhaite miser sur de grands événements sportifs pour attirer investisseurs et touristes. Le royaume coorganise ainsi la Coupe du monde de football de 2030 avec l’Espagne et le Portugal, a accueilli une CAN féminine en juillet et serait candidat à l’organisation d’un Grand Prix de F1.
Selon plusieurs enquêtes journalistiques, les autorités marocaines ont dépensé des milliards pour les infrastructures destinées à la CAN et à la Coupe du monde de 2030, et construisent notamment un nouveau stade de football à Casablanca qui pourrait être le plus grand au monde. Ces projets ambitieux ont provoqué de vives réactions au sein de la société marocaine.
Dès le 27 septembre, des milliers de jeunes Marocaines et Marocains sont descendus dans les rues lors des manifestations du mouvement GenZ 212 menées dans tout le pays, réclamant une amélioration des systèmes de santé et éducatif, ainsi que la fin de la corruption. Les manifestants ont notamment dénoncé le fossé entre les stades et infrastructures flambant neufs prévus pour les compétitions sportives et les services publics défaillants. « Nous voulons des hôpitaux, pas des stades », ont notamment scandé les manifestants. Certains auraient appelé au boycott de la CAN.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, les dépenses publiques du Maroc en matière de santé n’ont atteint que 2,3 % de son PIB en 2022, soit moins de la moitié du seuil international de référence fixé à 5 % au minimum. Mais le Maroc devrait accorder autant d’importance à la santé et à l’éducation qu’au football.