Derrière les vitres embuées du restaurant de Carrie Solomon, on devine une salle bondée. Autour de midi, en ce samedi glacial de novembre, cette table chaleureuse inaugurée en septembre dans le quartier de Montorgueil (Paris 2e) fait figure de refuge, avec ses 20?degrés ambiants, sa lumière diffuse et son brouhaha rassurant. Débarrassés de leur pelure, les mangeurs s’y réchauffent autour de la cuisine solaire de la cheffe américaine, expatriée en 2003 à Paris, où elle fit d’abord carrière dans la photographie, l’édition et le journalisme culinaire.
En plus du déjeuner et du dîner qu’elle propose du mardi au vendredi, elle orchestre, chaque week-end, un appétissant brunch, de sa petite cuisine tapie au fond de l’établissement. « J’ai grandi en brunchant tous les dimanches et presque tous les samedis. C’est un repas très important pour moi, l’un des héritages les plus précieux de mon enfance aux Etats-Unis », explique la native du Midwest dans un français mâtiné d’accent anglais.
A la carte, les intitulés se suivent et ne se ressemblent pas. Ici, un ajoblanco, une soupe froide andalouse faite à partir d’amandes et de mie de pain ; là, des frites de polenta agrémentées de labneh, romarin frit et piments jalapeños fermentés et de harissa ; plus bas, des huevos rancheros, une spécialité mexicaine associant œufs au plat, ’nduja (une charcuterie calabraise épicée) et pico de gallo (un mélange de tomates, oignons, piments et coriandre).