Le suspense sur le lieu du rendez-vous n’a été levé qu’au dernier moment. Moins de deux heures avant le début de la « cérémonie de déclaration d’indépendance » pourtant annoncée de longue date par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), dimanche 14 décembre, un message lapidaire était envoyé aux participants : « 13 h 30, salons Hoche, Paris 8e ».
La portée de cette déclaration unilatérale n’est que symbolique, les autorités algériennes s’opposant à tout projet d’autodétermination pour cette région située à l’est d’Alger dont les habitants représentent près de 20 % de la population du pays, mais la préparation de l’événement avait été entourée de multiples précautions.
Le rassemblement a été tenu secret jusqu’à la veille et, peu après sa divulgation, il a été frappé par un arrêté préfectoral interdisant la cérémonie au motif qu’elle présentait des risques de troubles à l’ordre public. Le Palais des congrès de Versailles, initialement retenu par les organisateurs, a donc été laissé de côté pour un autre espace privatif, avenue Hoche, dans la capitale française. A la mi-journée, des forces de l’ordre positionnées à chaque extrémité de la célèbre artère parisienne contrôlaient l’identité des passants, et un dispositif policier était déployé devant l’entrée de la salle où se tenait la réunion.
Le dossier, qui touche à l’unité nationale algérienne, est très sensible. « Ce projet de déclaration a beaucoup offensé le pouvoir en Algérie, on l’a vu dans les médias et sur les réseaux sociaux prorégime », confiait au Monde, quelques jours avant la cérémonie, Mourad Amellal, l’un des cadres du MAK.
Alger a été tenu au courant des intentions du mouvement séparatiste, assure ce responsable, précisant que deux courriers lui ont été adressés cet été, l’un envoyé au palais d’El-Mouradia (le siège de la présidence algérienne), l’autre au siège de l’ambassade d’Algérie à Paris, sans recevoir aucune réponse. « Les autorités algériennes nous ont fait savoir qu’elles étaient très vigilantes » sur ce sujet, ajoute un acteur de la relation bilatérale entre Paris et Alger.