Abolir les frontières, beaucoup en ont rêvé, Jules Niang l’a fait. Le chef, qui a créé en 2013 le restaurant Petit Ogre, à l’écart des endroits branchés, dans le 3e arrondissement de Lyon, avait certaines prédispositions. Il est né dans le village mauritanien de Wothie, bordant le fleuve Sénégal. Cette ligne de démarcation, entre le Sénégal et la Mauritanie, n’a pas empêché sa mère sénégalaise et son père mauritanien (tous deux issus de la communauté peule) de s’aimer.
Ses assiettes n’arborent pas de drapeau. Les fleurs d’hibiscus (bissap) s’invitent dans un velours de potimarron ; le beurre de cacahuète caresse une joue de lotte ; le mil se décline façon riz au lait. En alchimiste, le chef trouve des accords parfaits entre des traditions culinaires française et africaine qu’on pensait opposées. Le tout, dans des formules qui restent accessibles (son menu entrée-plat-dessert coûte 29 euros) et engagées dans le végétal (la sauce, le légume ou la graine sont au centre des plats, et non la protéine animale).
Dans sa partie de l’Afrique de l’Ouest (il a créé en 2020 des fermes éducatives au Sénégal), les repas du réveillon sont marqués par des grands repas, notamment des ragoûts de viande. Fidèle à sa philosophie, Jules Niang propose ici un menu sans frontières. Il faudra se rendre dans une épicerie exotique pour certains ingrédients (épices, manioc), mais rien n’est inaccessible !