Environ « 400 agents » du Musée du Louvre ont voté « à l’unanimité », lundi 15 décembre, en faveur d’une « grève reconductible », ont déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) la CGT et la CFDT. Selon les deux syndicats, ils protestent contre la « détérioration » des conditions de travail et la dégradation de l’accueil du public dans le musée le plus visité au monde.
Ce dernier n’avait pas ouvert ses portes lundi matin à 9 heures, invitant les visiteurs à revenir à la mi-journée. Après le vote de la grève, plusieurs dizaines d’agents ont déployé devant la pyramide une banderole : « Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, d’effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR » [Louvre nouvelle renaissance, projet de rénovation à grande échelle annoncé par Emmanuel Macron].
La direction a fait savoir à l’AFP que le musée serait « fermé toute la journée ». Selon les syndicats, une prochaine assemblée générale est prévue mercredi à 9 heures, le mardi étant la journée de fermeture hebdomadaire du Louvre.
Il faut « un changement de braquet (…) concernant les priorités et les urgences » du bâtiment, à savoir « la sûreté, la rénovation du bâtiment », a plaidé lundi matin le délégué CGT Christian Galani. Il a rappelé que la filière accueil et surveillance avait « perdu 200 équivalents temps plein en l’espace de quinze ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié ».
« On est en colère », « nous ne sommes pas d’accord avec la manière dont le Louvre a été géré », a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance SUD-Culture. Valérie Baud, représentante CFDT, a souligné que le mouvement est « interprofessionnel » et regroupe métiers de la « conservation, agents d’accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes ».
Pour tenter d’éviter une fermeture du musée à l’approche des vacances de Noël, des réunions ont eu lieu la semaine dernière au ministère de la culture avec les syndicats, dont une avec Rachida Dati en personne. Face aux syndicats, la ministre s’était engagée à revenir sur la baisse de 5,7 millions d’euros de dotation publique au Louvre prévue dans le projet de loi de finances 2026, a appris l’AFP auprès de sources concordantes. En 2024, le musée a perçu 98,2 millions d’euros de subventions de l’Etat. Il n’y a eu « aucune autre avancée significative », selon la CGT, mais la CFDT assure que les discussions se sont déroulées de « façon intelligente et apaisée ». « Pas d’annonce tonitruante, pas de colère, chacun comprend les deux parties », a assuré sa déléguée Valérie Baud, interrogée la semaine dernière par l’AFP.
En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando, le 19 octobre, de s’emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.
Fragilisée, la présidente du Louvre Laurence des Cars devra, l’espace de quelques mois, travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui Rachida Dati a confié vendredi la mission de « réorganiser en profondeur le musée ». « Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité », a déclaré la ministre, sans donner plus de détails.
« Toute réflexion sur l’avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle », a réagi la CFDT, demandant de connaître le « périmètre exact » de cette mission.