Il a toujours été particulièrement difficile de définir le Sud global. La composition initiale des BRICS, qui en est l’une des premières manifestations, n’aidait guère. Quoi de commun en effet entre des démocraties (Brésil, Inde, Afrique du Sud) et des régimes autoritaires, voire très, très autoritaires (Chine, Russie) ? Entre un ancien empire colonial et d’anciens colonisés ; entre des pays encore attachés au droit international et d’autres qui n’en ont que faire ; entre des puissances soucieuses des conséquences du réchauffement climatique et celles qui ne sont guidées que par un extractivisme forcené, quelles qu’en soient les conséquences ?
Ce caractère disparate explique en bonne partie la vacuité des communiqués des sommets des BRICS, dont on plaint les rédacteurs. Le sujet du Moyen-Orient, depuis le 7-Octobre et l’attaque terroriste menée par le Hamas en Israël, en est un bon exemple, alors que la cause palestinienne a été portée historiquement par les pays de ce qu’on a appelé le « tiers-monde », synonyme de décolonisation et de développement.
Le pillage des richesses du Sud n’étant plus depuis longtemps une exclusivité du Nord, comme le continent africain en offre le déprimant spectacle, le plus petit dénominateur commun des représentants du Sud global s’est limité à la dénonciation de règles écrites pour servir les intérêts de l’Occident, d’institutions internationales conservées sous son contrôle, d’alliances diplomatiques, économiques et militaires exclusives qui démultipliaient jusqu’à présent un poids de plus en plus relatif à l’échelle du monde. Le Sud global n’a eu que cette seule opposition comme raison sociale.