Comme nombre de petits-enfants de survivants de la Shoah, Raphaël Sigal, né en 1982, a grandi entouré de silences. Des non-dits ou des secrets qui n’en avaient pas moins une épaisseur particulière, à la fois paralysante et aiguillonnante pour cet enfant parisien issu d’une famille d’Europe de l’Est. Que cachait cette chape consciemment maintenue par ses grands-parents, puis par ses parents, pour protéger leur descendance ?

La question, déjà très présente chez l’écrivain en devenir, se pose avec plus d’acuité et d’urgence quand sa grand-mère paternelle, née en Allemagne avant de se réfugier en France, où elle vivra cachée durant l’Occupation, sombre dans la maladie d’Alzheimer. L’octogénaire, d’ordinaire bavarde et cultivée, voit sa mémoire grignotée, laissant son petit-fils face à des bribes d’histoire.

A l’heure où tant d’autres écrivains de sa génération s’emploient à combler ces trous par des récits, plus ou moins romancés, convoquant à loisir témoins, archives et livres d’histoire, Raphaël Sigal fait le choix inverse. « Je me donne pour règle d’écrire strictement à partir de ce qui, de sa vie, a été déposé en moi. Je m’interdis toute forme d’enquête. Pas de question non plus à mon père sur sa mère. C’est une manière de respecter son silence. Ce qu’elle ne m’a jamais dit ne sera pas dit dans le livre. »

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