S’absenter du monde, suspendre le temps, converser sans la distraction des notifications et des écrans. Tout, dans le premier roman de Marta Pérez-Carbonell, contribue à nous faire convoiter ce luxe contemporain. Nous sommes dans un train de nuit reliant Londres à Edimbourg. Comme elle le fait une fois par mois, Alicia, la narratrice, qui vit et travaille dans la capitale britannique, rejoint l’Ecosse et la succursale de son entreprise pour une semaine. Après des mois d’immobilité et de solitude liées à la pandémie de Covid-19 à Madrid, cette ancienne traductrice free-lance s’est résolue à se réinstaller en Angleterre, où elle a trouvé un emploi fixe.
Lors de ce voyage nocturne, deux Américains prennent place dans son compartiment : Terry Milton, un professeur d’université à New York, et « Bou », un ancien élève devenu son ami. Le premier est au cœur d’un scandale. Il est accusé par un journaliste d’avoir pillé la vie de Hans, un jeune acteur, pour écrire son roman à succès, Rocco, et d’avoir provoqué sa disparition. Il s’en défend auprès de son compagnon. Sans autre lecture qu’un magazine, voilà Alicia happée par leur discussion. Entrant, pour une nuit et bien plus, dans leur intimité.