Longtemps, Bernard Hayot s’est borné à suivre son mantra : « Le bruit ne fait pas de bien, le bien ne fait pas de bruit. » A 91 ans, l’homme d’affaires issu d’une famille de békés – les descendants des colons arrivés à la Martinique au XVIIe siècle – est toujours président du groupe portant son nom, GBH. D’un élevage de poulets lancé en 1960, la firme est devenue un conglomérat de 300 sociétés et 18 000 employés, dépassant les 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, avec ses deux fils et son gendre comme directeurs généraux. Principalement implantées en outre-mer, leurs affaires vont de la grande distribution (52 % du chiffre d’affaires, dont les franchises Carrefour, Mr. Bricolage, Decathlon) à l’automobile (37 %, dont les concessions Renault) en passant par la production de rhum, de yaourts et de béton.
Visé lors des manifestations contre la « vie chère » à l’automne 2024 – l’Insee observe une différence de 42 % entre les prix des produits alimentaires dans l’Hexagone et à la Guadeloupe –, le Groupe Bernard Hayot est passé à une communication tous azimuts pour tenter de redorer son image. Mais les révélations de Libération, jeudi 18 décembre, sur l’ouverture d’une information judiciaire visant le groupe pour « entente », « abus de position dominante » et « escroquerie en bande organisée » le 29 août, à la demande du Parquet national financier, ont relancé les critiques. Désormais, l’enquête est entre les mains de deux juges d’instruction.