Reculerons-nous à nouveau lorsque les contraintes de la loi emplie de bon sens sur le « zéro artificialisation nette » (ZAN) se feront sentir ? Ne pas anticiper au niveau régalien ces chocs de faisabilité et repousser les sujets, en plus d’obérer l’avenir, revient à donner raison à l’attentisme. Combien d’entrepreneurs ont connu l’échec parce qu’ils ont cru à tort à l’application d’une loi, pourtant votée, et au marché qui allait en découler ?
Ces injonctions contradictoires découragent la prise de risque positive. Elles renforcent les craintes des citoyens envers l’avenir et entachent la crédibilité de la parole publique. Pourtant, l’opinion est aujourd’hui largement convaincue de la réalité du changement climatique. Décideurs, collaborateurs et consommateurs comprennent que l’impact écologique des activités humaines est bien plus large que les seules émissions de CO2.
La sobriété et les limites planétaires ne sont plus taboues, notamment parmi les chefs d’entreprise, et beaucoup sentent que le monde de demain a commencé (baisse de la demande de pétrole, croissance faible financée à coups de déficits…). Il est temps d’apprendre de ces tâtonnements pour faire bouger les lignes ! Il faut trouver les chemins pour avancer, car l’urgence climatique n’attendra pas. Nous devons donc trouver ensemble les moyens de rendre les bonnes pratiques économiquement gagnantes et la transition écologique financièrement attractive !
Rappelons d’abord une chose : les moyens financiers manqueront, la transition écologique ayant souvent un coût supérieur à nos façons actuelles de produire et consommer. Nous ne pouvons cependant accepter l’impuissance ! D’autant que cette transition, qui aura certes un impact économique (dette, impôt ou inflation), favorisera aussi la relocalisation du travail et son sens.
Un point fondamental quand on sait que, dès lors que ses besoins essentiels sont satisfaits, chacun est davantage en recherche d’utilité sociale et d’appartenance, que de possession de biens de consommation ! Décarboner, préserver les ressources, relocaliser, faire à nouveau société… tout cela se rejoint et doit être le cap à suivre !
La solution réside alors au cœur du triptyque suivant : 1. prioriser les actions en fonction de leur efficacité par euro dépensé ; 2. donner des signaux économiques et réglementaires pertinents, forts et stables aux acteurs de terrain qui mettront en œuvre les actions locales adaptées ; 3. penser de manière systémique la construction des subventions et taxations en intégrant équité et redistribution, et en n’ayant recours à l’interdiction que dans le cas où une alternative vertueuse a été rendue possible. Un contre-exemple récent ? imposer une taxe carbone à ceux qui n’avaient d’autres choix que d’utiliser leur véhicule thermique ? s’est traduit par la crise des « gilets jaunes »…