Trente-quatre heures, c’est la durée totale du film Occupied City que les visiteurs du Rijksmuseum, à Amsterdam, pourront découvrir jusqu’au 25 janvier 2026. Une version « courte » (plus de quatre heures quand même) de l’œuvre du Britannique Steve McQueen avait été montrée à Cannes, en 2023. Dans un geste aussi militant que déroutant le « Rijks » a, lui, choisi de projeter l’intégralité du film, à la fois sur sa façade sud et – avec le son – dans son auditorium. Le document du réalisateur de 12 Years a Slave (2013) confronte la période de l’occupation nazie aux images actuelles de la capitale néerlandaise. Il a été choisi par le musée pour célébrer un double anniversaire : le 80e anniversaire de la libération de la ville et le 750e de sa fondation, en 1275.
Dans la suite logique d’autres de ses projets, dont la grande exposition « Slavernij » (« esclavage »), sur la réalité du passé colonial des Pays-Bas, en 2021, et avant la présentation, en novembre, des travaux de la photographe d’origine iranienne Tina Farifteh sur le très contesté système d’asile au Pays-Bas, le Rijksmuseum a opéré ce choix, qui apparaît comme tout sauf innocent. Projeter un film qui rappelle la Shoah, la collaboration, les abjections des uns et des autres est audacieux – et courageux – dans ce pays marqué, lui aussi, depuis plus de deux décennies, par la montée d’un populisme radical, une forte polarisation et des débats sans fin sur l’immigration et l’identité.