On n’aurait pas cru, en 2025, avoir à mener une interview par Minitel. C’est pourtant ce qu’il s’est passé, fin novembre, sur 36 14 Hacker, réminiscence d’un véritable service de l’époque. Ce n’était pourtant pas gagné. Il a d’abord fallu déposer, laborieusement, une demande d’entretien dans la « boîte aux lettres » Minitel de son responsable. Puis attendre. Et revenir, tous les jours, pour constater que rien ne s’était passé : « Vous avez reçu 000 messages. » Dans le monde du Minitel, pas de notifications ; le temps est long. Jusqu’à ce qu’enfin la personne derrière 36 14 Hacker se manifeste et accepte de répondre à nos questions.

D’elle, on ne saura pas grand-chose : « Je suis pour l’anonymat numérique, je me bats pour ne pas laisser de traces sur le Net, donc je préférerais que vous utilisiez juste mon pseudo, “Hacker”. » Tout juste sait-on qu’elle fut, à la fin des années 1980, à l’origine de ce service, lancé comme « un hobby », un « laboratoire » proposant des salons de discussion ou des mini-jeux. Le concept fut ensuite « décliné pour des clients » : « On a étrangement bien gagné notre vie en faisant des services Minitel. »

Déconnecté dans les années 1990, 36 14 Hacker fut ressuscité il y a quelques années, pour « montrer aux jeunes ce qu’était un service complet de l’époque, explique son créateur. Ils sont tout étonnés que tout ceci existait déjà dans les années 1980. »

De notre côté, on est plutôt étonnés que tout ceci existe toujours. « Le Minitel ferme définitivement », « Ecran noir après trente ans de bons et loyaux services », « 3615 adieu » : en 2012, la presse annonçait la fin du Minitel, cette invention française des années 1980, sorte de Web avant l’heure, permettant d’acheter des billets de train, de consulter les horaires de cinéma ou de rencontrer l’amour.