Et de trois. Avec la formation du nouveau gouvernement d’Andrej Babis à Prague, le groupe de Visegrad (V4) [organisation intergouvernementale qui réunit la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie] risque de basculer encore un peu plus vers une ligne ouvertement anti-Ukraine. C’est d’ailleurs une ambition assumée pour certains au sein de cette alliance, comme l’expliquait récemment un des plus proches conseillers de Viktor Orban.
Cela fait des années que le premier ministre hongrois ne dissimule plus sa sympathie pour la Russie. Viktor Orban sert aujourd’hui de relais aux positions du Kremlin : voyages répétés à Moscou, critiques des sanctions européennes, défense obstinée des importations d’hydrocarbures russes, blocages budgétaires et politiques au Conseil européen… La liste est longue.
Revenu aux affaires en octobre 2023, le premier ministre slovaque, Robert Fico, lui a emboîté le pas. Il avait, entre autres, fait campagne en promettant de mettre fin à l’aide militaire apportée à Kiev. Depuis, il a remis en question l’appartenance de son pays à l’OTAN [Organisation du traité de l’Atlantique Nord] et a notamment été le seul dirigeant d’un pays de l’Union européenne à assister aux célébrations organisées à Moscou du 80e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie lors de la seconde guerre mondiale.
En Slovaquie comme en Hongrie, la ligne anti-Ukraine est devenue à la fois outil de polarisation interne et instrument de politique étrangère délibérément non aligné sur Bruxelles. La République tchèque deviendra-t-elle une alliée supplémentaire ? Il est en tout cas probable que la nouvelle coalition gouvernementale éloigne la République tchèque de son rôle de soutien de premier plan à Kiev. Cette inflexion s’est déjà matérialisée le 19 décembre 2025, lorsque Prague s’est rangée aux côtés de Bratislava et de Budapest en refusant de participer au programme de dette commune de l’UE destiné à financer un prêt de 90 milliards d’euros à l’Ukraine.