Triathlon des JO 2024 : Dorian Coninx, le lièvre devenu « influenceur » malgré lui

La scène se passe fin septembre 2023 à Pontevedra, en Espagne, « la ville où le piéton est roi ». La grande finale du circuit international de triathlon (World Triathlon Championship Series) couronne Dorian Coninx champion du monde pour la première fois de sa carrière, au terme d’un scénario que même le plus inspiré des oracles aurait difficilement pu prévoir – 5e du classement général avant la course, il coiffe tout le monde au poteau. « Au premier kilomètre, je ne comprends pas, les mecs se retournaient vers moi, ils me regardaient, ils m’attendaient presque… », raconte l’Isérois à Julien Pousson, son coach, les joues encore cramoisies au sortir du 10 km à pied.

Depuis qu’ils l’ont vu quelques semaines plus tôt sur les pavés des Champs-Elysées jeter régulièrement des coups d’œil à son poignet, lors de la répétition générale du parcours des Jeux olympiques (JO) – lors desquels le Français a fini 3e –, ses rivaux y voient une botte secrète. Sa montre GPS ferait la différence au moment de conclure un triathlon, quand les jambes brûlent après 1 500 m à la nage et 40 km à vélo – le format de l’épreuve olympique, prévue mecredi 31 juillet.

« On a appris qu’avant Pontevedra les athlètes allemands avaient reçu pour consigne de leur fédération de regarder la manière dont Dorian avait géré sa course à Paris, et de faire la même chose », révèle Julien Pousson. Contrairement aux idées reçues, le petit objet connecté – qui indique fréquence cardiaque, allure et chrono – est assez répandu chez les coureurs du dimanche, moins en compétition pour les triathlètes professionnels.

« Il y a déjà plein de choses à gérer pendant la course… Au début, c’était dur d’assumer, tu peux passer pour un original, justifie cet « influenceur » malgré lui, rencontré fin février à son domicile, à Grenoble. Et si ça n’avait pas marché pour moi, on aurait dit : “Regarde le crétin avec sa montre, là…” »

Pendant longtemps, le futur champion du monde s’est souvent montré irrégulier en courant les 10 km, sans trop savoir pourquoi. Il a fallu disséquer son profil physiologique pour comprendre son mode d’emploi. « On s’est rendu compte que certaines modalités d’allure lui convenaient mieux que d’autres, et pour qu’il ait le “feedback” en direct, on a testé la montre à l’entraînement », explique Julien Pousson. Le carrosse n’a pas régulé sa vitesse d’un coup de baguette magique. « On a tâtonné, on a fait aussi des erreurs et, aujourd’hui, on est dans l’optimisation du process », complète cet ancien triathlète à la tête, depuis fin 2020, d’un groupe de onze « potes » qui gravitent à Grenoble autour du champion du monde.

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