« Faire entrer la manif dans la teuf et la teuf dans la manif » : quand la fête redevient un outil militant

Un gros cœur rouge en carton a été installé au-dessus des tables. Dans un mégaphone décoré à la façon d’une boule à facettes, l’animateur lance les dernières consignes : « Si ça “matche” entre vous, échangez vos mails ! » Garçons et filles se mettent à discuter dans ce speed dating d’un genre un peu particulier : aujourd’hui, on ne parle pas d’amour, mais d’engagement syndical. En quelques minutes, les représentants des centrales présentes doivent répondre aux problématiques des jeunes.

Amandine, 25 ans, qui a souhaité prendre un pseudo, est cadre dans un bureau d’études. « Etre syndiqué n’est pas bien vu, on est vite pris pour une chieuse », raconte la diplômée d’un master en urbanisme, veste à carreaux et sneakers aux pieds. Un peu plus loin, Raphaëlle Perrier, 26 ans, cheveux courts et chemise à fleurs, travaille dans l’associatif, où il est parfois difficile de faire valoir ses droits. Au total, une demi-douzaine de syndicats ont envoyé du monde : Solidaires, la Confédération générale du travail, l’Union étudiante, la Fédération syndicale unitaire, Printemps écologique, le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles et l’Union nationale des étudiants de France.

L’ambiance est bon enfant, en ce samedi ensoleillé de mai, à la Prairie du canal, ferme urbaine et lieu culturel, installée à Bobigny depuis 2017. Sur les 3 000 mètres carrés de cette ancienne friche industrielle, on trouve des tables consacrées à un speed dating syndical, mais aussi une scène de concert en plein air, deux bars, des espaces de détente avec des chaises longues, des jardins partagés, un filet de volley, un karaoké… Pas de décoration sophistiquée ou branchée, mais du mobilier en bois brut, des bottes de paille et des jardinières de fleurs en matériel de récup.

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