Beyrouth-Téhéran: les deux frappes qui rebattent les cartes

En l’espace d’une nuit, deux éliminations de haut niveau menées à distance dans deux capitales, Beyrouth et Téhéran, constituent une démonstration de force de l’armée israélienne et risquent de transformer de façon imprévisible la situation au Proche-Orient. La première, en fin de journée mardi 30 juillet, a été menée par des avions de chasse israéliens et a visé Fouad Chokr, 62 ans, l’un des plus hauts cadres militaires du Hezbollah libanais. Peu avant 20 heures, mardi 30 juillet, plusieurs frappes se sont abattues contre le dernier étage d’un immeuble d’habitation de la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Parti de Dieu, détruisant une partie de l’édifice. Ces frappes ont tué une femme et deux enfants, et blessé au moins 74 personnes dans les environs, selon un bilan provisoire du ministère de la santé libanais. Mercredi 31 juillet au matin, le Hezbollah n’avait toujours pas confirmé la mort Fouad Chokr. Une « action vicieuse et criminelle », a réagi le porte-parole du ministère des affaires étrangères iranien Nasser Kanani, dont le pays est le parrain du mouvement libanais. Le premier ministre libanais Najib Mikati a, lui, dénoncé une « agression flagrante » et un « acte criminel ».

L’armée israélienne a de son côté affirmé avoir éliminé celui qu’elle a présenté comme le « bras droit » du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, chargé du projet de missiles de précision, et responsable de l’attaque contre Majdal Shams, sur le plateau du Golan occupé, où une roquette Falaq tirée samedi 27 juillet sur ce village druze, avait causé la mort de 12 garçons et filles, âgés de 10 à 16 ans, sur un terrain de football. Ce tir avait entraîné le plus grand nombre de pertes civiles sur ce territoire annexé par Israël en 1981 depuis le début des échanges de tirs entre le Hezbollah et Israël, le 8 octobre 2023, dans la foulée de l’attaque du Hamas en Israël. Le Hezbollah avait d’ailleurs refusé d’endosser la responsabilité de cette frappe, fait rare, signalant l’embarras de ses dirigeants face à un nombre de victimes susceptible d’entraîner une escalade vers un conflit régional. Le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a affirmé qu’Israël voulait éviter tout « conflit élargi » avec le Hezbollah mais que ses forces étaient prêtes à « tous les scénarios ».

La seconde élimination, qui a eu lieu en fin de nuit, a visé à Téhéran Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, basé au Qatar. Celle-ci n’avait pas été revendiquée, mercredi matin, par Israël. « [Notre] frère, le dirigeant, le mujahid Ismaïl Haniyeh, le chef du mouvement, est mort dans un raid sioniste contre sa résidence à Téhéran après sa participation à l’investiture du nouveau président » iranien, a déclaré le Hamas dans un communiqué. Les gardiens de la révolution, l’armée idéologique de Téhéran, ont aussi annoncé dans un communiqué qu’Ismaïl Haniyeh et l’un de ses gardes du corps avaient été tués lors d’une attaque dans une résidence à Téhéran.

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