Quatre journalistes interpellés lors des troubles qui ont suivi la présidentielle du 28 juillet au Venezuela ont été inculpés de « terrorisme », a annoncé, mercredi 7 août, le Syndicat des travailleurs de la presse (SNTP), dénonçant l’impossibilité pour les journalistes de choisir leurs avocats.
« Nous dénonçons l’utilisation illégale et arbitraire des lois antiterroristes au Venezuela, en particulier contre les journalistes détenus lors des manifestations postélectorales dans le pays », a déclaré le SNTP dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux mercredi.
Les photographes Yousner Alvarado (à Barinas, Ouest) et Deisy Pena (à Miranda, Centre), le caméraman Paul Leon (à Trujillo, Ouest) et le journaliste José Gregorio Carneiro ont été inculpés de terrorisme et incarcérés. « Dans tous les cas, le recours à une défense privée a été refusé », souligne le syndicat.
Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a par ailleurs lancé une campagne de délation visant ceux qui ont commis des « violences » lors des troubles consécutifs à sa réélection contestée, le 28 juillet, lesquels ont fait 24 morts, selon un bilan actualisé mardi par des organisations de défense des droits humains.
Le pouvoir a mis en place l’application pour téléphone portable VenApp et une ligne téléphonique de la très crainte DGCIM (direction du contre-espionnage militaire) pour débusquer les « traîtres » et les « terroristes », comme M. Maduro les qualifie. Lancée en 2022 pour améliorer la prestation de services publics – notamment d’eau et d’électricité –, VenApp a été reprogrammée pour permettre les dénonciations anonymes contre « les ennemis du peuple ». Vendredi soir, à l’occasion d’une conférence de presse, le président affirmait avoir reçu plus de 5 000 dénonciations.
M. Maduro a annoncé la mort de deux membres de la garde nationale et l’arrestation de plus de 2 200 personnes. Parmi ces dernières figurent notamment des leaders de l’opposition, dont le journaliste Roland Carreno, militant du parti Voluntad Popular (VP).
Le parquet a également précisé avoir ouvert une enquête pénale contre le candidat de l’opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, et la cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, qui avaient publié un communiqué commun dans lequel ils demandaient aux militaires de se ranger « du côté du peuple ».
Le Conseil national électoral a ratifié vendredi la victoire de M. Maduro, avec 52 % des voix, sans toutefois rendre publics tous les procès-verbaux des bureaux de vote, en assurant avoir été victime d’un piratage informatique. Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs – dont la validité est rejetée par M. Maduro –, M. Gonzalez Urrutia a remporté la présidentielle, avec 67 % des voix.
Dessin animé à son effigie, produits dérivés, bains de foule… Nicolas Maduro avait mis toutes les chances de son côté pour être réélu pour un troisième mandat à la tête du Venezuela. Et il a obtenu le résultat escompté dimanche 28 juillet, en dépit des sondages qui le donnaient perdant.
Quelques jours après les résultats du scrutin, lundi 29 juillet, difficile d’y voir clair. Si la victoire du président sortant a été officiellement annoncée par le Conseil national électoral, neuf pays d’Amérique latine réclament un « réexamen complet des résultats ». L’opposition refuse de reconnaître les résultats officiels, qui annoncent 51,20 % des suffrages en faveur de Nicolas Maduro. Selon elle, c’est son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, qui aurait remporté l’élection, avec plus de 70 % des voix.
Dans cette vidéo, nous faisons le point sur le contexte politique de cette élection contestée et sur les critiques émises, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, à l’encontre de l’héritier chaviste.
Pour en savoir plus sur la crise économique qui secoue le pays depuis le milieu des années 2010, nous vous recommandons le décryptage ci-dessous.
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