« Je ne sais pas où est ma fille et ce qui lui est arrivé » : en Guinée, la lutte des proches de disparus de la migration

Comme chaque matin depuis quatre ans, Idrissa Diallo allume son téléphone, le cœur serré. Le retraité espère toujours un signe de vie de son fils Elhadj Boubacar, parti à 19 ans pour rejoindre l’Europe et porté disparu depuis. A Conakry, la capitale guinéenne, des centaines de familles, comme la sienne, sont sans nouvelles de leur proche.

Nombreux sont les jeunes Guinéens qui, depuis 2015, ont choisi l’exil alors que près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique de Guinée en 2019. En 2023, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, les ressortissants de ce pays représentaient 12 % des migrants arrivés en Italie contre 5 % en 2024, conséquence de l’externalisation accrue de la gestion des frontières par les pays de transit comme la Libye et la Tunisie.

Pourtant, nombreux sont ceux qui disparaissent en mer ou finissent dans des centres de rétention, en prison ou à la rue. D’autres, arrivés à destination, découvrent en France, en Italie ou encore en Allemagne une réalité bien loin de leurs espérances. La photographe Pauline Gauer a rencontré les proches de ceux qui ont décidé de partir en 2023, une année où près de 70 % des demandes d’asile des Guinéens ont été rejetées en Italie.

En Guinée, Elhadj Mohamed Diallo, fondateur de l’Organisation guinéenne pour la lutte contre la migration irrégulière (OGLMI), est devenu un repère pour les familles endeuillées ou restées sans nouvelles de leur proche. Sur sa moto, il sillonne les rues de Conakry pour leur apporter un soutien moral et administratif dans la recherche des disparus. Son association accompagne aussi ceux qui reviennent.

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