Comme une escouade de chasseurs de trésors ou de détectives, discrètement, les équipes du Musée olympique de Lausanne collectent au bord des terrains des Jeux olympiques de Paris 2024 des petits morceaux d’histoire du sport. Ici un justaucorps, là une paire de baskets, une raquette, un casque ou une planche de surf. Tous pourraient se trouver dans un magasin de sport mais seront bientôt exposés au musée du Comité international olympique.
Chacun d’eux enferme une singularité : un exploit, une légende, un destin atypique ou le témoignage de l’évolution des techniques sportives et des disciplines olympiques. Ils rejoindront l’un des maillots du sprinter Usain Bolt porté à Pékin en 2008, le ballon de basket de la « Dream Team » américaine des JO de Barcelone 1992 ou encore les chaussures portées par Jesse Owens, à Berlin, en 1936, parmi les quelque 90 000 pièces de la collection.
Le justaucorps jaune canari serti de sequins miroirs a été remis par la gymnaste brésilienne Rebeca Andrade, mercredi 7 août à la maison du Brésil, installée le temps des JO dans le parc de La Villette. Avant même de savoir qu’elle serait médaillée d’or au sol, le Musée olympique avait l’espoir de collecter l’une des tenues de cette sportive, venue d’un milieu modeste et devenue l’athlète brésilienne la plus médaillée aux JO. « Vous incarnez parfaitement les valeurs de l’olympisme », a salué, à l’occasion de la remise du justaucorps, Yasmin Meichtry, directrice associée du musée. A Paris, Rebecca Andrade s’est, en outre, fait un nom en battant la star américaine Simone Biles, dont l’une des tenues figure déjà dans la collection.
La quête de ces objets est plus difficile qu’il n’y paraît. Il y a les pièces uniques, comme les maillots de natation synchronisée, réalisés sur mesure, et les tenues des stars, en particulier du basket américain ou de l’athlétisme, plus difficiles à approcher. C’est donc un travail minutieux, parfois préparé en amont, ou réalisé sur le vif. Avant le début des JO, le musée fait sa liste idéale. Il repère des athlètes à l’histoire singulière, des symboles de l’olympisme, mais cherche également à compléter ses collections pour assurer une représentation équilibrée des continents, des disciplines, des genres, des fédérations. Il prépare aussi ses expositions, qui tournent à travers le monde.
La quête d’un objet commence en général par des contacts avec la fédération internationale du sport concerné, avant de petit à petit s’approcher de l’entourage du sportif. « L’objectif, c’est de déranger l’athlète le moins possible », insiste Anna Volz, senior manager du musée. Les équipes interviennent à la fin des compétitions, en gardant le contact avec les proches des athlètes et en tâchant d’être au bon endroit au bon moment. Ainsi, c’est directement sur la piste de skateboard qu’a été recueilli, encore humide, le casque du doyen de la compétition, le Britannique Andy Macdonald, 51 ans. « On dit toujours que les sports urbains sont des sports pratiqués par des jeunes, ce casque témoigne que toutes les générations sont aux JO : les pionniers comme les jeunes pouces », explique Anne-Cécile Jaccard, curatrice du musée. Sur le même terrain, elles ont obtenu les baskets élimées de la Finlandaise Heili Sirvio, 13 ans, l’une des benjamines de la compétition.